Cité universitaire mars 2017

La création de la Cité internationale eut lieu dans le contexte du mouvement pacifiste de l’Entre-deux- guerres ,   « école des relations humaines pour la paix. » pour contribuer à l’entente entre les peuples en favorisant les amitiés entre les étudiants, chercheurs et artistes du monde entier. Trois hommes s’unissent pour mener à bien ce projet ambitieux :

André HONNORAT, parlementaire et ministre de l’Instruction publique
Paul APPELL, recteur de l’Académie de Paris
Emile DEUTSCH DE LA MEURTHE, propriétaire des Pétroles Jupiter (futur Shell-France).

Dans la Cour d’honneur, face à la Maison Internationale, se trouvent trois stèles rappelant le rôle de ces trois humanistes. De même, la rue est la seule à porter un nom sur le campus : John Rockefeller Jr . Il a été un très grand mécène de la Cité et le créateur de la Maison des Etats-Unis, l’une des plus grandes de la Cité. Il a financé la construction de La Maison Internationale qui a été bâtie en 1933 et se veut une copie du château de Fontainebleau. Ce fut la quatrième du genre après New-York, Chicago et Berkeley. Elle offre de nombreux salons pour conférence, un théâtre, une immense bibliothèque,  un restaurant et une piscine art-déco.

L’emplacement est choisi pour des raisons pratiques et « hygiénistes ». Pratiques : les terrains libres sont rares à Paris. Or, on démolissait les fortifications de Thiers qui entouraient la ville sur ce qui est aujourd’hui la ceinture des « Maréchaux » et que les Parisiens appelaient à l’époque la « zone ». Le lieu bénéficiait de surcroît de la proximité de la ligne ferroviaire de Sceaux qui mettait à portée les universités du Quartier Latin. Hygiénistes : on choisit cette partie car il n’y avait pas d’usine dans le secteur : en outre, l’ensemble prolongerait le parc  Montsouris et créerait une grande cité jardin. C’est en effet la ligne choisie pour développer les constructions avec une architecture néo-gothique rappelant les universités anglo-saxonnes. Les principales résidences qui composent la Cité Internationale ont été construites entre 1923 et 1969. La première à s’élever sur le site fut la Fondation DEUTSCH DE LA MEURTHE, inaugurée en 1925. Par la suite, les fondateurs de chaque maison ont eu le libre choix de son architecture. Ceci explique la diversité des styles, qui mêlent références nationales et courant moderniste. C’est ce qui donne à la Cité universitaire son aspect remarquable. En outre, un vaste espace accueille le parc  boisé et  offre aux étudiants trois stades, des terrains de tennis, des espaces horticoles etc…  entourant de verdure les maisons.

On trouve côte  à côte des architectures très diverses et des réalisations spectaculaires. Près de la maison du Japon au charme exotique particulier se trouve la Maison des Etudiants suisses, que l’on doit à Le Corbusier, qui éblouit par son modernisme d’avant-guerre. Un peu plus loin, après la maison du Maroc, très berbère, on découvre la Maison du Brésil, dessinée par Costa, un des architectes de Brasilia …

Un endroit caractéristique : le carrefour de la Maison de l’Asie du Sud-Est (ex Maison de l’Indochine). A 10 m l’un de l’autre, quatre bâtiments. Face à l’exotisme de l’Asie et son dragon, on trouve la Maison des Etudiants néerlandais de type architecture industrielle des années Trente. A l’autre angle, la Maison des Etudiants Arméniens de style néo-gothique aux sculptures copiées sur les monastères médiévaux d’Arménie. Et en face, la Maison de Cuba, en pur style néocolonial espagnol. Ces bâtiments ont été construits dans la même décennie !

La Cité internationale universitaire de Paris (CiuP) est une fondation de droit privé, reconnue d’utilité publique, regroupant un ensemble de résidences universitaires. Cet ensemble composite est constitué, d’une part, de maisons dites « rattachées » intégrées à la CiuP et gérées par elle, d’autre part, de maisons « non rattachées » dotées d’une personnalité morale indépendante. Ces maisons « non rattachées », au nombre d’une vingtaine, sont gérées par différents partenaires publics, des établissements d’enseignement supérieur, voire par des États étrangers (en ce qui concerne notamment les maisons nationales ou dites « de pays »). Certaines, dirigées par leur gouvernement ont pu connaître quelques difficultés. Ainsi la Maison d’Espagne fut occupée en 1968. Le gouvernement espagnol de Franco en profita pour la fermer. Elle ne rouvrit qu’après le rétablissement de la monarchie. La Maison de Tunisie fut construite pendant le protectorat français et destinée à accueillir les étudiants tunisiens et les étudiants français vivant en Tunisie. Cette dernière destination  fut supprimée par Bourguiba lors de son accession au pouvoir. Enfin, un des derniers bâtiments construits en 1969 fut la Maison d’Iran. Elle fut abandonnée et cédée à la CiuP à la chute du Shah par  la République Islamique d’Iran. Cet immeuble à l’architecture remarquable due à Claude Parent est quasiment abandonné. En effet, les structures métalliques sont totalement amiantées ce qui rend le bâtiment inutilisable et le coût du désamiantage est prohibitif. Il abrite, dans un local annexe, L’Oblique, centre d’information touristique sur la CiuP. Une exposition photographique présente la Cité, les différentes Maisons et les chambres modèles (copies d’origine) ainsi que les activités culturelles ou sportives du campus.

Sont actuellement en construction la Maison de l’Ile de France et celle de la Corée du Sud. Le terrain où se situe cette dernière avait été proposé à la Russie qui a décliné l’offre. L’autre devrait être inaugurée sous peu. C’est un bâtiment remarquable, autosuffisant énergiquement, isolation phonique (sur le Périphérique) hors pair. Les changements de majorité au Conseil Régional rendent un peu flou le projet d’utilisation.

A noter qu’il existe trois résidences hors les murs : deux à Paris ; dans les XIXème et XXème arrondissements et la dernière sur l’île de Bréhat. Pour des raisons de sécurité, les Maisons ne sont plus visitables sauf lors d’animations culturelles dans les foyers ou les salles de spectacles de certaines fondations.

L’admission à la CiuP se fait sur dossier. Elle est réservée aux étudiants ayant un master. Pour éviter le communautarisme, 33% des logements d’une Maison sont attribués à des étudiants d’une autre nationalité. Depuis 1968, les bâtiments sont mixtes même si la structure des bâtiments, avec deux ailes distinctes, séparait à l’origine garçons et filles.

Ci-joint des photos de notre balade